À la veille d’un weekend, Evelyne se perd dans les caves du palais de justice. À cheval sur les convenances, la baronne Schmetterling terrorise ses invités. Dans le quartier de la gare du Nord, une septuagénaire se tient toute la sainte journée à la fenêtre. Bernard et Valérie décident de se rencontrer, mais aucun n’a mis sa vraie photo sur son profil. Et Arnaud a un mal fou à concocter une fricadelle végane…
Deux fils rouges traversent ces histoires et d’autres encore : l’ironie et Bruxelles, ville natale de l’auteur.
- ISBN 978-2-931080-34-4 (format broché)
- ISBN 9782931080351 (format ePUB)
- 132 pages
- Livre broché - 18€
- ebook - 9.99€
Extrait
Le ventre du palais
« Des nouvelles sur le front de la mobilité, Denis ? – Oui, Sylviane. La police fédérale signale que la plupart des voies d’accès vers la capitale sont embouteillées depuis cinq heures du matin. Suite à la tempête de cette nuit, les routes sont jonchées de feuilles mortes glissantes et ça ralentit sérieusement le trafic. Certains tunnels sont inondés. Soyez donc prudents si vous devez pénétrer dans la ville en voiture aujourd’hui. – Merci, Denis ! Il est sept heures, le flash info ! »
Il y avait quelque chose de ternaire dans le réveil d’Evelyne. Selon une séquence immuable, elle se tournait une première fois dans son lit, les yeux encore collés, au moment de l’info trafic, en signe de dédain pour son radio-réveil.
« Un mouvement de grève des chauffeurs de bus et de tram paralyse la ville depuis hier soir. Par solidarité, les conducteurs de métro leur ont emboité le pas. Résultat : une bonne partie du réseau urbain est paralysée. La direction de la mobilité recommande aux voyageurs de prendre leur mal en patience – et leur véhicule, s’ils en ont un – ou de se rabattre sur le vélo ou la marche. »
Un soupir, un bâillement : deuxième rotation.
« Et maintenant, le bulletin météo. L’Institut royal de météorologie prévoit des averses automnales et des vents violents sur l’ensemble du territoire… »
Evelyne se retourna une dernière fois vers la vitre, déjà battue par une pluie cinglante. Elle rabattit la couette et se leva, prête à affronter, comme chaque matin, les trois grands malheurs de sa vie.
Pour son malheur, en effet, fuyant une ville devenue invivable, elle s’était établie dans une commune-dortoir de la périphérie. Si elle avait gagné quelque peu en qualité de vie, l’ennui des fins de semaine en prime, elle devait en contrepartie parcourir un long trajet pour se rendre à son travail qui, lui, était resté à Bruxelles. Elle ressentait ainsi dans la chair la plaie majeure de la capitale, celle-là même qui l’en avait dégoutée : la circulation. Quel que fût le mode de transport choisi, elle n’était jamais sure d’arriver à l’heure, quand elle parvenait à destination !