C’est l’histoire d’une pièce d’un franc, à l’effigie du Roi, qui n’a pas trouvé le chemin de la tirelire. D’un billet de cinquante, plié en quatre, reçu comme étrennes avec en prime une leçon de dignité. D’une magnifique pièce de dix, toute brillante, à l’existence éphémère. D’un carnet d’épargne bardé de timbres et de cachets. De billets de cinq mille cachés dans un soutien-gorge, de Traveller’s cheques qui rendirent amoureux un employé de change et même d’un mystérieux bracelet de pièces anglaises.
Entre menue monnaie et billets doux, ces souvenirs intimes tissent avec tendresse le parcours sensible de nos rapports à la vie et, l’une après l’autre, les petites coupures se transforment en vif-argent.
- ISBN 978-293053841-9 (format broché)
- ISBN 978-2930538-42-6 (format ePUB)
- 76 pages
- Livre broché - 10€
- ebook - 6.99€
Extrait
Les étrennes
D’un côté, il y avait mon père. Plus âgé que les autres papas, il me paraissait sévère et rigide. Nous le craignions tous, y compris ma mère, et nous redoutions ses colères dont la raison nous échappait souvent. J’étais l’ainée de trois, mais au-delà de ce noyau familial, nous n’avions personne. Ni oncles, ni tantes, ni cousins. Mes grandsparents avaient disparu avant ma naissance et les aléas de la vie avaient rendu mes parents enfants uniques. Juste après ma naissance, ils avaient quitté Bruxelles pour ouvrir un commerce en province, où personne ne nous connaissait et où, forcément, nous n’avions pas de racines.
De l’autre côté – je veux dire de l’autre côté de la clôture du jardin – il y avait ma grand-mère. Quand j’étais petite, ma grand-mère s’appelait Madame Dubout, entendez : Madame du Bout du Jardin. Je l’ai toujours connue vieille, avec un chignon gris, en train de bêcher son potager malgré des jambes gonflées par la rétention d’eau. Quand mon ballon atterrissait chez elle, elle me le renvoyait sans aucun reproche, au contraire d’autres voisins. Mais pas à la main comme on l’aurait attendu d’une petite vieille dame aux grosses jambes, non, tenez-vous bien : elle shootait dedans ! Nous papotions souvent comme deux commères de part et d’autre de la clôture, du haut de mes quatre ans, du haut de ses septante ans. Ma mère, de sa cuisine, s’est souvent demandé ce que nous pouvions bien nous dire.
Dans la presse
« L’écriture est revenue dans ma vie »
le 22 février 2014 - Ariane Bilteryst