Que sait-on de sa vie ? Il suffit parfois d’un coup d’oeil dans le rétroviseur pour découvrir un détail, ou bien davantage, qui nous la fait voir soudain tout autrement. Et, comme au jeu, c’est lorsque s’abat le joker que tout bascule.
Une femme, au petit matin, a honte d’avoir pu imaginer que son mari l’ait trompée. Un jeune interne se torture en cherchant comment dire à deux filles que leur mère est morte. Des époux au réveil découvrent qu’ils ont fait exactement le même rêve. Trois soeurs ne peuvent se résigner à disperser l’héritage de leurs parents… Mais s’ils savaient…
Les histoires des autres nous renvoient inévitablement à la nôtre. Et nous, qu’avons-nous encore à découvrir ?
- ISBN 9782930538365 (format broché)
- ISBN 9782930538372 (format ePUB)
- 122 pages
- Livre broché - 15€
- ebook - 9.99€
Extrait
Le joker
Ils étaient ensemble depuis un an et demi, une jolie histoire qui avait commencé sans qu’ils le décident vraiment, une première nuit d’attirance mutuelle dont l’issue avait rendu la suivante évidente et ainsi était allé le vent, les poussant en avant, jour après jour. Leurs différences, dont l’âge n’était que la partie visible, n’entravaient pas leur entente, qui pour les autres était comme une anomalie, ce qui n’était pas sans leur déplaire. C’était la rencontre de la carpe et du lapin. C’était doux et gai. Pas toujours calme mais jamais grave.
Jérôme était né joueur, comme tous les enfants, et l’était resté… C’était la seule chose qu’il avait voulu garder de l’enfance, avec sa grand-mère. Le reste, dessiné en creux, il avait préféré l’oublier.
Tout, pour lui, était une occasion de miser, parier, gagner, car en vrai joueur qu’il était, il n’envisageait pas de perdre.
Il faisait partie de ces gens toujours à la limite, parce que c’est plus marrant. Jouer avec le feu et ne pas déclencher l’incendie. Tricher effrontément et ne pas se faire prendre, ou, mieux encore, réussir à amadouer celui qui vous trouvait la main dans le sac… Tromper allègrement et ne jamais être un brin soupçonné.
Déjouer les règles du jeu, toutes, était son plaisir, que le jeu soit amoureux, professionnel peu importait. Son mobile ? Aucun. C’était comme un tic, un truc plus fort que lui, une manière de faire sa loi en son pays, et à la frontière de celui des autres. C’est là qu’il était le plus à l’aise, à la frontière, dans un entre-deux où tout semblait possible, où l’on avait encore le choix de basculer d’un côté ou de l’autre. C’était là qu’ils s’étaient trouvés, et se rejoignaient, Héloïse et lui.