Dans les récits de Gaëlle Pingault, les personnages ne sont pas préparés aux surprises qui les guettent, et vous non plus, lecteurs. Qu’il s’agisse de regards inattendus ou de reflets troubles, révélant la part claire ou sombre de l’âme, On n’est jamais préparé à ça propose des nouvelles entre deux bords, des situations où, plus que jamais, la nuance est de rigueur. C’est à cet exercice que l’auteure vous convie : chercher ce qui peut relativiser les évidences.
- ISBN 9782930538020 (format broché)
- Livre broché - 15.00€
Extrait
Marie Durand
Il ne faut pas croire que Marie Durand est aussi banale que son patronyme le laisse imaginer. Surtout pas.
Marie Durand est belle, intelligente, désirable. Une sorte de femme idéale inaccessible, un truc qui normalement n’existe pas en vrai. Je cherche donc les failles de Marie Durand, depuis des années. J’avoue ne pas les avoir encore trouvées.
Marie Durand est parfaite. Et parfaitement exaspérante.
S’il arrivait parfois que son collant fi le dans un contexte bien gênant, que sa voiture tombe en panne sur la route des vacances, ou que sa grand-mère lui tienne la jambe trois plombes au téléphone, alors qu’elle attend des invités et que le ménage n’est pas encore fait, elle serait sans doute plus sympathique.
Mais ce genre de désagrément n’arrive jamais à Marie Durand. Marie Durand est toujours belle, toujours organisée, toujours à l’heure, toujours tirée à quatre épingles, toujours au fait des dernières nouvelles. Marie Durand est grande, mince, et s’habille avec une classe discrète, toujours à la pointe de la mode et de l’élégance. Marie Durand n’est jamais hautaine, toujours accessible, elle n’a pas la grosse tête. Marie Durand a toujours un frigo prêt à vous organiser un dîner à l’improviste, elle connaît toujours la personne qui peut vous arranger tel coup foireux. Marie Durand rigole aux bons moments dans la conversation, elle transpire d’empathie dès que nécessaire, et ne dit jamais rien qui tombe comme un cheveu sur la soupe. La coiffeuse de Marie Durand ne rate jamais ni sa coloration, ni sa coupe, ni son brushing. Marie Durand n’achète jamais un tee-shirt qui rétrécit au lavage. Elle ne se casse