Les sacs commencèrent alors à circuler dans les rangées. On entendait les coeurs battre. Tout le monde ne pensait qu’à une chose : sauver sa peau et sortir de ce traquenard au plus vite. Surtout, ne pas mourir pour quelques euros.
Il n’y avait que Jean-Claude qui trépignait sur son siège. Dans son supermarché du quinzième arrondissement, il n’arrêtait que des garnements qui volaient des bonbons ou des clochards qui piquaient leur litron de rouge pour la journée. Jamais encore il n’avait pu montrer ce qu’il avait réellement dans le ventre, et là, l’occasion s’offrait enfin à lui. À sa place, Steven, Chuck ou Arnold n’auraient pas hésité une seconde. C’étaient des héros, des vrais, il ne pouvait pas les décevoir après tout ce qu’ils lui avaient apporté…
- ISBN 9782930538471 (format broché)
- ISBN 978-2-930538-48-8 (format ePUB)
- 132 pages
- Livre broché - 16€
- ebook - 9.99€
Extrait
Avant-première
Ce matin, lorsqu’il avait repéré, au fond du Monoprix, les deux gamins en train d’éventrer un paquet de Pim’s pour s’envoyer les gâteaux à l’oeil, il n’avait pu se retenir. C’était venu tout seul, d’un coup, sans qu’il n’y puisse rien. Discrètement, il s’était approché, avait découpé sa carrure d’armoire normande dans l’allée en prenant soin de se mettre en travers de la lumière du néon pour que son ombre effrayante se propage sur les enfants, puis avait fait craquer ses phalanges. Au ralenti, comme dans un film, les petits avaient relevé la tête, terrorisés. Il avait prolongé l’instant et les avait toisés avant de leur déclarer d’une voix rauque :
« Vous avez remarqué, parfois, vous croisez un gars et vous vous dites : « Lui, faut pas le chercher… » Ce gars, c’est moi. Vous allez regretter votre geste. »
Le premier garçon s’était pissé dessus de trouille, tandis que l’autre laissait échapper le paquet de Pim’s.
Heureusement pour eux, le directeur du magasin les avait rejoints en courant :
« Tu crois pas que t’exagères un peu, Jean-Claude… ?
– J’assure la sécurité du supermarché, chef, mon boulot, rien de plus. »
Le patron avait dodeliné de la tête et soupiré : « C’est bon, je m’en charge, tu peux reprendre ta place à l’entrée. »
Jean-Claude était donc retourné exposer son crâne rasé, son costume bon marché et son badge Sécurité à l’accueil du Monoprix.
En y repensant, il était plutôt fier de sa repartie. D’ailleurs, pour être tout à fait honnête, ce n’était pas exactement « sa » repartie, mais plutôt celle de Chuck Norris.