Une sainte peut-elle comprendre le besoin de sexe ? Ai-je encore le droit de lever la main en signe d’au revoir ? Est-ce en priant qu’il sera censé occuper ses journées dans le home ? Où pourrait-elle dire « amant, cachette, cris, sueur » ? Si Dieu existe, qu’est-ce que ça changera pour moi ? Comment voudrais-tu que je sois capable de vivre comme si tu n’existais plus ? Et je fais quoi, moi, maintenant ?
Obligés de négocier un virage dans leur parcours jusque-là routinier, les personnages de ces nouvelles y parviennent avec plus ou moins de bonheur. Les voici plongés dans les questionnements universels, les voici devant l’imprévu, l’incertitude mais aussi l’inéluctable, le temps qui passe et, au bout, la mort… Des hommes et des femmes auxquels l’auteur donne une grande humanité à travers leur besoin d’amour, de reconnaissance et leur formidable pulsion de vie.
- ISBN 9782930538051 (format broché)
- 110 pages
- Livre broché - 15.00€
Extrait
Que chaque jour soit un dimanche
Tu m’as appelé « papa » et j’ai eu peur. Je n’ai pas reconnu ta voix. Je n’ai pas reconnu ton intonation.
À longueur de journée, depuis tant d’années, tu me dis « papa ». Chaque fois, cela m’agace.
— Bois ton café, papa, il va refroidir.
— Tu as faim, papa ? Veux-tu dîner ?
— Papa, n’oublie pas tes gouttes. C’est l’heure. Papa, papa, papa… C’est ridicule. Je suis ton mari.
Nos enfants sont partis depuis longtemps, maintenant. Nous avions décidé de vivre cette nouvelle tranche de vie comme si nous venions de nous rencontrer. Comme si nous allions nous découvrir. Tu disais : « Tu crois me connaître par coeur ? Tu me verras peut-être d’un autre oeil quand tu passeras toutes tes journées à mes côtés ! » Une vie de nouveau couple. Faire comme si. On le voulait très fort. Tu y croyais vraiment. On y est arrivés de temps en temps. Mais jamais tu n’as pu perdre cette habitude de m’appeler « papa ».
Quand les enfants vivaient encore avec nous, ça passait mieux. Maintenant, chaque « papa » sortant de ta bouche m’irrite. Chaque fois, je me retiens de te dire que je m’appelle Luc.
J’aime entendre prononcer mon prénom : Luc. À mon premier jour, on me l’a donné. Un prénom choisi exprès pour moi. Enfant, adolescent, jeune homme, j’ai entendu mes parents, mes profs, mes amis, des femmes le prononcer. J’ai aimé dans leurs bouches sa résonance : ronde d’abord, percutante ensuite.