« Le train poursuivait sa course dans la nuit tombante, en s’arrêtant toutes les cinq ou dix minutes. La narratrice se dit que ça pourrait donner un bon début d’histoire, un soir un train, une intersection entre deux trajectoires, une collision, et puis, le champ des possibles qui s’ouvre en délicatesse. C’était un bon début. Ça démarrait au quart de tour. Elle se sentait sure d’elle, maitresse de la situation et de la tournure que pourrait prendre cette rencontre. »
- ISBN 9782930538785 (format broché)
- ISBN 9782930538792 (format ePUB)
- 118 pages
- Livre broché - 15.00€
- ebook - 9.99€
Extrait
L’espoir fait vivre
Are you in love ? me demanda tout à trac Hope, en se retournant, le couteau à la main. Moins pour me trucider ou me menacer que parce qu’au bout du couteau il y avait, une demi-seconde plus tôt, une pizza aux ognons et aux anchois à la croute légèrement récalcitrante. Je fus prise de court. Comment était-ce arrivé ? Je n’étais pas sur mes gardes, sans doute. Tout était parti d’un petit pot de marmelade que j’avais offert à Hope et à Frédéric en arrivant. Quelques collègues étaient déjà là, debout dans le jardin, autour d’une table où attendaient d’innombrables bouteilles de jus de fruits et quelques pizzas maison cuisinées, comme chaque année, avec tout le talent et la créativité de Fred. Hope était surement in love de son Fred, elle qui avait franchi le pas pour toujours et l’Atlantique un quatorze février, il y avait exactement quatre mois de cela, mais ce n’était pas ce que nous fêtions aujourd’hui. Comme chaque année à pareille époque, nous fêtions l’été, la floraison des pivoines, la fin de l’année scolaire, le magnifique potager de Frédéric et le bonheur d’être ensemble. Ça arrive, entre collègues. Ça valait la peine d’être célébré.
Frédéric avait disparu, il était parti à la recherche de chaises, ou de salade au potager ; les collègues arrivaient peu à peu, encore retenus çà et là par quelques déviations locales qui avaient transformé notre arrivée dans ce joli coin du Namurois en un jeu de piste grandeur nature. Il faisait un temps magnifique, c’est-à-dire qu’il ne pleuvait plus, ou pas encore. L’amie de Hope, une Française de Los Angeles, passait d’une langue à l’autre pour expliquer qu’elle était venue de Bruxelles en train puis en bus, une expédition. Je ne m’attendais pas à cette question. Nous n’étions pas intimes, Hope et moi. J’ai été prise au dépourvu.
Dans la presse
Les bonnes choses et ce sentiment qui attire…
le 16 janvier 2018 - DF sur Fattorius
Variations en « je », modulations du « nous »
le - Sarah Béarelle