Elle est parfois bien curieuse la première expérience de l’amour.
Un paysage, un bruit, une odeur, une couleur, une chaleur, un tableau, une musique, un mot, une silhouette, un regard, un sourire, un visage… Le bruit parfait d’une vague par vent d’est, le chant des oiseaux à l’aube, le souffle accordé de deux amis qui marchent sur un sentier escarpé, l’horizon à nouveau derrière un col… Et l’on cesse comme par miracle d’être préoccupé par soi. Tout à coup, c’est la possibilité d’un commencement, d’une espérance. Que savons-nous de ce qui « meut le soleil et les autres étoiles », comme l’écrivait Dante ?
Pourquoi elle, pourquoi lui ? Nul ne peut répondre à cela. Que sommes-nous face à la marée des sentiments ? Pas grand-chose. Une brindille, un fétu… c’est la vie en crue.
- ISBN 9782930538389 (format broché)
- ISBN 9782930538396 (format ePUB)
- 108 pages
- Livre broché - 15€
- ebook - 9.99€
Extrait
Rue des Cinq-Cents
Il est dans mon destin de choisir mes amis
Parmi ceux-là qui passent,
Et de me trouver seul aux heures où la vie
Blesse mon âme lasse.
Louis Brauquier
Tu disais souvent, comme ça, comme pour te rassurer : « T’inquiète, on va les bouffer ». Et ça suffisait. La cause était entendue. Le problème était réglé. On passait à autre chose. Le plus extraordinaire dans cette histoire, c’est que, la plupart du temps, on les bouffait nos ennuis, nos emmerdes. Enfin… on les bouffait… pas vraiment. Il serait plus juste de dire qu’on les oubliait. Et ça réglait tout. En somme tu étais un optimiste. C’est pour cela, sans doute, que tout le monde t’aimait… et puis aussi parce que tu as toujours mesuré vingt centimètres de plus que nous, jusqu’à atteindre un mètre quatre-vingt-quinze pour cent-dix kilos. Tu étais ce que l’on appelle une force de la nature. Et une force de la nature, ça attire plutôt la sympathie, du moins ça force le respect.
Quand je t’ai connu, tu habitais rue des Cinq-Cents. Une petite traverse, accessible à pied uniquement, aux confins du quartier d’Endoume, dans un entrelacs de ruelles toutes plus étroites les unes que les autres, si bien que l’on finissait par ne plus pouvoir s’y croiser. Derrière les hauts murs de clôture se cachaient des petites villas de style néo-quelque-chose : néogothique, néobaroque, voire néo-Renaissance, néo-Art déco ou néo-rococo, quand ce n’était pas le tout mélangé.