Ces onze nouvelles ont été écrites entre 2006 et 2011, ce qui en dit long sur la propension de l’auteur à se laisser distraire par le moindre pigeon. On y rencontre des pièces d’échec qui s’engueulent, un type qui cherche la sortie sur la piste des auto-tamponneuses, un autre, au contraire, qui ne veut plus quitter l’autoroute, un psychopathe performant, de la guitare au coin du feu, une fée accroupie au milieu d’une forêt de jambes… Nombreux sont les textes qui prêtent à sourire, mais le recueil ne sera pas remboursé en cas de suicide au gaz. Certaines nouvelles peuvent contenir des résidus de cynisme et des traces de noisette, en quantités infimes.
- ISBN 978-2-930538-24-2 (format broché)
- ISBN 978-2-930538-25-9 (format ePUB)
- 120 pages
- Livre broché - 15€
- ebook - 9.99€
Extrait
La pêche aux hippocampes
La mer s’était retirée de ma chambre, abandonnant derrière elle une guirlande d’algues accrochée au mur, ainsi qu’une odeur de coquillages, et de crabe mort.
Assis en tailleur sur ma chaise de bureau, surplombant la marée basse, je passais en revue les nombreux reliefs échoués sur le parquet humide : un matelas éventré, de la vaisselle sale, une vieille lettre que je n’avais pas eu le courage d’affranchir, du linge entassé, des livres ouverts, une lampe de chevet hors-service, des plantes arrachées à leurs pots, des boites de thon, une multitude de boites de thon vides disséminées à travers la pièce.
Pendant la tempête, je m’étais solidement attaché au bureau à l’aide de divers câbles électriques passés autour de ma taille et reliés à l’unité centrale de mon ordinateur. Je devais être coincé là depuis trois paquets de cigarettes et demi, à en juger par le cendrier, qui dégueulait largement sur le clavier. De nombreux postit étaient collés à l’aveuglette, sur lesquels mon écriture paniquée témoignait inlassablement :
« Ça va passer, capitaine »
Je portais un casque sur les oreilles, un micro autour du cou, j’étais sanglé à une guitare, une pédale d’effet accrochée à mes lacets. Les fils de tous ces appareils s’étaient noués autour de moi, à mesure que je me débattais au milieu du mauvais temps.
En état de choc, j’appuyais inlassablement sur la même touche de mon synthétiseur, comme ces automobilistes crashés dont le front repose sur le klaxon.