L’alliance

Ils n’étaient partis qu’à cinq heures, pour éviter le coup de chaud de l’après-midi. Pourtant, la plage de Saint-Florent était encore bondée. Ils déroulèrent les serviettes, déshabillèrent de manière un peu pataude leurs corps blancs ramollis par les longs mois d’hiver.

— La plaz ! La plaz ! criait la petite en désignant, index tendu, la large bande scintillante sur laquelle flottaient des têtes de baigneurs, comme autant de petits croûtons grillés et douteux.

La mère déboutonna la robe d’enfant en coton bleu, hésita sur la couche, la dégrafa, enfonça sur la tête de sa fille un large bob blanc à l’effigie de Donald Duck. Elle s’agenouilla pour attraper dans son sac le pot de crème solaire mais lorsqu’elle se retourna, l’index oint d’une grosse perle crémeuse, la fillette se carapatait. Le petit corps blanc, soyeux et musclé, trottait droit vers la mer.

— Lisa ! Eh, Lisa !

Aussitôt, la tache immaculée du bob fut cachée par les jambes massives du père qui la rejoignait. Marie-Rose soupira, en essuyant sur ses mollets le reste de crème solaire. Lili marchait drôlement bien pour ses dix-huit mois. Tous ces progrès qu’elle avait faits, rien que d’y penser, c’était fou.

Elle étira précautionneusement sa serviette, rectifia la position de son slip de bain sur sa hanche. Essaya vaguement de rentrer son ventre qui, depuis la naissance de la petite, s’était plissé d’un bourrelet unique, de part et d’autre du nombril. Ça n’était pas vraiment laid, ni tout à fait gras, non, ça s’était juste… insidieusement détendu. Relâché.